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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/179

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de roches, glace et sapins et les traits des parents et amis. Mais, Cynthia retrouvée, par la complicité d’une nervure blanche sur la pierre rouge, Cynthia, pourquoi hante-t-elle l’ultime sommeil d’un grand honnête homme qui l’avait maudite et mourut sans lui pardonner d’avoir de son foyer fait une Babylone.

Babylone, toujours Babylone. Sur le lit phosphorescent des flots, la ville de chair écarte ses jambes. Sa tête aux cheveux de fraîcheur est sur un oreiller de jardins suspendus. Ses arbres, ce sont les membres qu’alourdissent des grappes de caresses, ses feuilles des gestes impurs. Là-bas pour conseiller l’incertitude des navigateurs, il n’est d’autre phare qu’un gigantesque Phallus. Des plantes obscènes poussent partout. Et cependant Petitdemange se ratatine et se ternit son poil. La nuit l’effraie. Déjà il n’est plus à la hauteur de son beau sabbat. Amie erre, affamée, insatiable. Un garçon boucher la regarde, et elle voudrait sucer le sang des bêtes sur ses grosses pattes. Jeune marchand de volaille aux manches retroussées et vous qui vendez des poissons et avez des écailles aux bouts des doigts, ils promettent vos poignets épais. Vos mâchoires de carnivores se plantent dans n’importe quelle viande, mordillent n’importe quel épiderme à