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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/181

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par-dessus le marché, un recueil des pensées pieuses du missionnaire Mac-Louf. À propos, Révérend, puisque vous voilà revenu sur le tapis, pourquoi, de Patagonie, ne rapporteriez-vous un de ces autochtones dont les jambes hautes de huit à dix centimètres ne sauraient manquer de valoir une belle surprise à votre belle-mère, assoiffée de tout connaître ?

Tout connaître. Et pas seulement des plaisirs du sexe.

Dans un petit bar, au seuil de l’eau clapotante et moirée dont elle aime à s’imaginer les secrets croupis, Amie a fait connaissance d’une autre fille d’Ève, baptisée la Reine, parce qu’elle fut la maîtresse, aux environs de 1895, d’un roitelet des Balkans. Ces dames très vite sont devenues intimes. La Reine est gaillarde buveuse. Amie, qui ne veut point rester en plan, exalte son ardeur naturelle par de savants mélanges d’alcool. Elle rentre le visage allumé, le chapeau de guingois, la parole abondante mais pas très sûre. Petitdemange n’ose point risquer d’observation et l’enfant qui devient femme ne se reconnaît aucun droit d’accabler même en pensée une vieillarde qui veut, elle aussi, ressusciter le vent. Tout de même, elle pourrait s’y prendre un peu mieux, et