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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/182

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Cynthia, jadis, a choisi sans visage l’homme dont elle accepta la valise à rêves. Amie, elle, impose la Reine maquillée avec une violence si décousue, que c’est à croire sa figure faite de morceaux pris au petit bonheur et assemblés couci-couça.

« Voilà nos carabosses, annonce la cuisinière qu’on a fait venir de Paris et dont le Midi attise la verve. Elles sont fraîches. Encore un tour à la Cynthia. Un vrai diable, cette rouquine. Tout le monde a voulu la copier et c’est dingo et compagnie. La jeune dame est encore la plus heureuse, là-bas, chez les sauvages, avec son mari d’un mètre carré. Mais la vieille aux cheveux tricolores, dire que j’ai connu ça, petite bouche et d’un fier, qu’on l’avait baptisée pour rigoler Mme de Grand Air. Elle est chouette Mme de Grand Air. Elle encore ce n’est rien. Mais, sa copine. A-t-on jamais vu pareil oiseau, et fagotée…

La Reine porte en effet des robes de soie trop lourde, éraillées et recoupées tant bien que mal à la mode du jour. Elle a gardé longs les cheveux que le Royal amant appelait le manteau de cour de sa chère favorite. En 1898, quand une Révolution la contraignit à fuir, déguisée en paysanne, dans un sac à pommes de terres, elle emporta toutes les plumes dont elle avait une superbe collection,