Aller au contenu

Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

apprendre à savoir qu’il n’est de plus doux oasis que la rue de la négresse.

À la face du ciel tout est poussière, et, cependant, ces échoppes à caresses, l’humidité les tapisse d’un velours fidèlement frais. Ô jour sans âme, il n’est qu’un chemin, celui de chair, par où l’on va ne pensant qu’à des corps contre des corps, à des radeaux de nudité pour d’autres nudités.

Babylone, Babylone, Babylone.

On vous traite de folle. Amie, on vous a enfermée. Vous seule pourtant aviez raison. La viande, la belle viande blanche. Ce soir, l’orage mâchera les nuages, comme les dents, les ventres. Au cimetière, la Reine, d’un seul coup achève sa provision de drogues. Elle tombe sur le marbre froid. Babylone, Babylone, Babylone, Amie hurle son désir. On lui passe la camisole de force. Babylone. Babylone. Babylone. Et cette maison face à la mer qui ne sera jamais achevée. Petitdemange, seul avec sa barbe blonde, pense que toute cette aventure ressemble diablement à de l’Ibsen. Heureux ceux qui ont pu échapper à la débâcle, dans leur Patagonie aux pierres glacées, les Mac-louf, au moins, ont la paix du cœur. Cynthia et son amant, pour leurs extases quotidiennes, ouvrent la valise de l’homme sans visage. Étendus sur le dos, les yeux