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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/197

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perdus dans un ciel délicat, ils suivent d’impondérables cortèges, cependant qu’ici midi tombe plus lourd que plaque de fonte. Le soleil poignarde une ville et n’a pitié que de la rue aux putains. Bouées de désir, ces dames, elles, flottent sur un lac d’ombre tandis que là-bas se décomposent leurs sœurs honnêtes. Canicule. Vive la canicule. Ne les appelle-t-on point chiennes ? Vive donc la canicule, saison des cuisses ouvertes et des lourdes mamelles. Et vous, famélique troupeau des mâles, quittez vos chaussettes, vos faux cols, vos caleçons et vos pauvres cerveaux, de vos pauvres moelles, donnez le dernier feu à cette bidoche étalée. Mais attention. Aujourd’hui le sang est près de la peau. Tout de même ce n’est pas une raison d’avoir peur : quoi, cela suffit-il pour que vous n’osiez approcher ? Et ces femmes soudain immobiles ? Un grand cri. La négresse est tombée à la renverse. Tombée raide morte, parce que, tout à coup, lorsqu’elle a eu reconnu la femme couronnée de paille naturelle, vêtue de toile bise, tout à coup, elle n’en a plus pu. On vous fera un enterrement blanc, catéchumène du pieux Mac-Louf, chère sauvageonne, mais l’autre, cette créature quasi transparente, au seuil de votre paradis, d’avoir entendu la syllabe, en quoi le dernier instant d’une vie résumait toute