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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/60

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précisément, à propos du bracelet de cheveux de l’impératrice Eugénie, que nous voulions conserver l’une et l’autre. J’invoquais mon droit de primogéniture, à quoi elle répondit que mes convictions républicaines me destinaient peu à être la dépositrice d’une relique impériale. N’étant point parvenues à nous accorder, nous tirâmes le bracelet au sort. Il me fut attribué et, jamais plus, avec ma pauvre sœur, nous ne parlâmes de la discussion que nous avions eue à son sujet. Or, tout à l’heure en rentrant, lorsque, dès le vestibule, j’ai compris ce qui venait de se passer, savez-vous dans quelle chambre je suis allée ? Je me suis précipitée dans le salon bleu et j’ai été droit à la vitrine qui contenait le souvenir. Il n’y était plus. Sa place était vide. Les bandits avaient emporté le bracelet…

Le chœur familial de reprendre sur le mode funèbre :

— Le bracelet.

— Oui, le bracelet, le bracelet en cheveux de l’impératrice Eugénie.

— Un bracelet en cheveux d’Impératrice.

— En cheveux d’Impératrice, vous l’avez dit, ma fille.

— Madame peut croire que j’aurais mieux aimé qu’ils me tuent, si seulement j’avais pu les empê-