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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/61

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cher de le prendre. Quand je les ai vus, je leur ai dit : « Des fois que vous me passeriez sur le corps, plutôt que de partir avec un bien qui n’est pas le vôtre. » Alors les garnements ont ri tout leur saoul et elle, Madame, elle m’a traitée de vieille baderne.

— Elle, qui elle ? il y avait donc une femme dans la bande ?

— Eh oui, Madame, et même que je l’ai maudite. Je ne suis qu’une pauvre bougresse de cuisinière, n’empêche que je l’ai maudite et à la face du ciel et de la terre. Après toutes les bontés que Monsieur et Madame ont eues pour elle.

— Nous la connaissons donc ?

— Si Madame la connaît ! Je m’étonne même que Madame, voyante comme elle l’est, n’ait pas encore deviné.

— Taisez-vous, je sais, je sais : Lucie, la petite femme de chambre…

— Voilà encore une fois Madame qui tombe juste. Oui, Madame, la femme de chambre et son bon ami l’aide jardinier, et encore des tas de copains à eux. Voilà belle lurette que j’en ai gros sur le cœur. Si j’avais su, il y a longtemps que j’aurais parlé, mais j’étais bête à force de bonté. D’abord je ne me suis doutée de rien. Ça vous avait des yeux baissés, un air innocent, mais fiez-vous aux saintes-nitouches.