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Page:Crevel - L’esprit contre la raison, 1927.djvu/32

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mais tout de même incapable d’assigner à cette créature un simple rôle relatif, non seulement ne la limitait point, mais encore pour donner, vis-à-vis de soi-même et des autres, illusion de bonheur ou de dignité quotidienne, pour étouffer les cris du doute, chantait la Marseillaise de sa médiocrité, se galonnait de mensonges éthiques, esthétiques et autres. Et le plus beau de toute cette aventure, c’est que les idolâtres de l’apparence à tout prix mènent sabbat, chantent pouille, s’agitent, parlent de sauver l’esprit, alors que, sous couvert de raison, ils ne négligent rien pour aider à sa décomposition.

Or, si un jour le seul mépris répond à toutes leurs patelinades, si certaines intelligences proclament bien haut qu’elles ne consentent plus à être amusées et n’acceptent rien qui n’ait été éprouvé, convient-il de s’alarmer, au nom justement de l’esprit, de parler d’une crise. C’est pourtant parce que la frivolité ne fait plus guère illusion que depuis plusieurs années dans les livres,