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Page:Crevel - L’esprit contre la raison, 1927.djvu/35

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seule imagination me rend compte de ce qui peut être et c’est assez pour lever un peu le terrible interdit, assez aussi pour que je m’abandonne à elle sans crainte de me tromper. Comme si l’on pouvait se tromper davantage. Où commence-t-elle à devenir mauvaise et où s’arrête la sécurité de l’esprit ? Pour l’esprit, la possibilité d’errer n’est-elle pas plutôt contingence du bien ? »

Et certes, cette possibilité d’errer ne va pas sans des menaces de douleur, des nécessités de batailles. Dans la grande aventure qu’est toute lutte de l’esprit pour l’esprit, l’être, s’il veut devenir digne de la liberté, son égide, doit avant tout renoncer au secours facile des apparences et n’accepter rien de ce qui est astuces, gestes composés, charme. Lorsque, le 13 mai 1921, Dada se constituait en tribunal révolutionnaire pour juger Maurice Barrés, André Breton, dans l’acte d’accusation qu’il prononça, déclara entre autres choses : « Profiter du crédit que nous valent quelques trouvailles poétiques heureuses et d’une séduction qui est tout autre que celle de