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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/132

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leur donnant l’oubli des états antérieurs, leur permettent quelques secondes d’une vie enfin dédaigneuse de la mémoire, parce que nous manquons de poids et de mesure, contraints à de perpétuelles surenchères, nous sommes amenés, suivant le degré de notre tempérament, au désir du sommeil ou de la mort et, à force d’ardeur, souhaitons la minute qui nous libérera d’une existence que nous ne savons ordonner.

Toute la vie, ainsi, rôderons-nous autour du suicide dont les législateurs ont fait un péché pour que ne soit pas désertée la terre.

D’un suicide auquel il me fut donné d’assister, et dont l’auteur-acteur était l’être, alors, le plus cher et le plus secourable à mon cœur, de ce suicide qui — pour ma formation et ma déformation — fit plus que tout essai postérieur d’amour ou de haine, dès la fin de mon enfance j’ai senti que l’homme qui facilite sa mort est l’instrument