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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/208

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Après tant de méditations essayées il faut tout de même bien, si je ne puis me conclure, que je tente au moins de me résumer.

Moi-même ?

À la fois dompteur et fauve.

Dompteur, mais se réjouissant de son effroi, complaisant pour ses nerfs.

Alors, à quoi bon faire l’envieux et quelles excuses donner au désir de muscles dociles, de doigts précis, de cœur exact et bien rangé ?

Voilà pour le compteur ; quant au fauve, il n’est pas trop méchant, ni capable de le devenir. Si le dompteur aime les drinks et le poivre, le désespoir métaphysique et les caresses qui le retournent comme un gant, le fauve, lui, se nourrit de pervenches.

Moi-même ?

Un dompteur, un fauve ?

Un fauve dompté ?

Un dompteur fauve ?