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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/220

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n’avons pas la sensation, nous n’avons pas la certitude de vivre.

 On empoisonna mes quinze ans avec certain petit : « Je pense donc je suis. » Je sais que je pense. Mais suis-je ? Mon intelligence est grande pourtant, claire. C’est en elle que j’habite, c’est d’elle que je vois. Là est ma faute.

Si j’écoutais la voix souterraine qui toujours a raison de mes raisons, à l’instant, je m’agenouillerais.

PRIÈRE

Mon Dieu, mon intelligence est grande, claire. Mais parce qu’en elle j’ai voulu habiter, parce que d’elle j’ai voulu voir, j’ai gâché tout et tous, moi-même et les autres.

Blancheur des draps, par quoi, mon Dieu, essaient de vous figurer sur leurs murs blancs les benoîts, les naïfs, les saints, bl