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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/96

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autres corps, les autres pensées, mais parce que je jouais à cache-cache avec moi-même en toute occasion, comment aurais-je eu l’audace d’exiger de mes partenaires qu’ils renonçassent aux masques, aux fards.

Alors je continuais mes essais, un peu moins sûr, il est vrai, chaque jour, car, à vouloir préciser, j’avais dû finir par comprendre que jamais je ne parviendrais à quelque point comparable dans l’espace au présent dans le temps. L’un de mes pieds s’appelle passé, l’autre futur. Il y a toujours un escalier à monter.

Je frappe à la porte qu’il faut et me voilà bien sage sur un pouf de peluche rouge. Une voix grêle et sans timbre essaie de me tenter.

« L’amour, tu vois, c’est encore ce qu’il y a de mieux pour passer le temps. »

Accroupie dans un coin de sa loge, cette petite femme qui sert de danseuse à l’homme le mieux fait du monde additionne des vérités premières et s’applique à préciser d’un bâton