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LIVRE I m

qu'un certain nombre de ces titres seulement appar- tenaient à des morceaux indépendants ; quant aux autres, introduits peu à peu dans l'usage par une analogie fort naturelle, ils ont servi à désigner cer- tains épisodes connus ; mais ces épisodes n'étaient jamais produits en public isolément et ne pouvaient pas l'être.

II

Quelque opinion qu'on ait sur la formation de VIliade et sur l'âge relatif de ses diverses parties, on ne saurait douter que le premier livre, dans son ensemble, ne soit le plus ancien de tout le poème. C'est là en effet qu'en est établie la donnée essen- tielle, à savoir l'absence d'Achille. Sans doute, la légende avait bien pu raconter déjà qu'Achille et Agamemnon s'étaient un jour querellés à propos d'une captive, et qu'Achille avait cessé par dépit de prendre part pendant quelque temps aux combats. Mais qu'on y réfléchisse : tant que cette querelle n'avait pas été distinguée entre tous les événements d'égale importance par un chef-d'œuvre, eùt-il été concevable qu'elle s'imposât comme une donnée nécessaire à toute une série de chants? Évidem- ment non : ce qui lui a donné cette valeur et cette autorité, c'est le succès du récit admirable qui est parvenu jusqu'à nous. D'ailleurs l'antiquité de ce récit est confirmée par tous ses caractères.

Deux groupes de scènes remplissent ce premier livre en s'équilibrant mutuellement : l'un qui com- prend la peste et la querelle proprement dite (v. 1- 317); l'autre, où sont racontées les conséquences immédiates de la querelle et le développement qu'elle prend par l'intervention des dieux (v. 318-611).

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