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LES BIOGRAPHIES D'HOMÈRE 399

cordait à peu près, il est vrai, à représenter le vieux poète comme aveugle et errant. Mais ce n'étaient pas là des traits vraiment individuels. Ils faisaient partie du type mémo de l'aède : car les poètes chanteurs allaient de ville en ville , et la poésie était parfois une ressource pour ceux que la cécité privait d'autres moyens d'existence. Nous voyons figurer dsknsV Odys- sée l'aède aveugle Démodocos, et un passage de V Iliade cité précédemment (p. 75) nous raconte comment les Muses privèrent de la vue le poète Thamyris;

��témoignage d'Ephorc sur la naissance d'Homère, de l'autre celui d'Aristotc. Celui d'Epbore s'accorde à peu près avec le récit ana- lysé plus haut, sauf quelques détails sans importance, et une parenté fabuleuse avec Hésiode, imaginée par l'historien pour honorer sa patrie. Quant au récit imputé à Aristote, c'est une pure légende; Homère y est représenté comme fils d'un satyre ou de quelque autre divinité champêtre; sa mère Crithéis épouse Méou, roi de Lydie, etc. Il est évident que si ces fables figuraient réelle- ment dans le troisième livre de la Poétique d'Aristote, comme l'affirme l'auteur, elles y étaient rapportées comme fables par le philosophe, qui se gardait bien de les prendre à son compte. Le second livre du traité de Plutarque est une introduction gramma- ticale, littéraire, philosophique, religieuse, médicale, astrono- mique, etc., à la lecture de V Iliade et de l'Odyssée, Il n'est pas impossible que ce curieux recueil soit une œuvre de la jeunesse de Plutarque, propre à donner l'idée de la façon dont on commentait alors la poésie épique ancienne dans les écoles.

Une autre notice se trouve mêlée au récit anonyme intitulé Homère et Ilésiodcj leur origine et leur concours (IlEp'i xou *0(itJpou xat 'IIaio5ou xa\ Toi3 ^^voi»; xai à.'^îùso^ auttuv, dans les Vitarum scrip^ tores de Wcstermann, n» 8, et dans l'Hésiode de Gœltling). Cela ressemble beaucoup comme genre aux inventions du faux Héro- dote. C'est l'œuvre d'un lettré du second siècle, qui écrivait, scmble-t-il, peu après la mort de Tempcreur Adrien (§ 3). On y trouve des détails précis sur quelques poèmes perdus du cycle, et en outre d'autres poésies qui semblent anciennes et que l'auteur a mises ù profit comme documents. (Voir sur cet écrit Marck-» schefrd, Ilesiodi fragmenta, p. 33-42.)

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