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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/100

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88 CHAPITRE m. — POÉSIE ÉLÊGIAQUE

exécuté sur la flûte » ^ G*est ce que parait avoir signiGé aussi d'abord le mot grec eXeyo;, que tous les grammai- riens anciens donnent comme synonyme de Op*?,vo;, la- mentation funèbre^. Ce qu'ils ne disent pas, mais ce qu'il faut ajouter, c'est que ce nom ne s'appliquait certai- nement qu*à une sorte particulière de lamentation, h celle qui s'exécutait avec la flûte. Les tbrènes de l'Iliade étaient accompagnés de la cithare. Le thrëne élégiaque, au contraire, remplaça la cithare par la flûte. C'est ainsi qu'Euripide appelle l'élégie aXupo; eXe^o; ^ L'épithotc est caractéristique et essentielle.

"EXeyo; désigne donc exactement un air, en particulier un thrène, joué sur la flûte ou accompagné par la flûte. Les mots iXeyeîov (sous -entendu [liTpov) et eXeyeîa (sous- entendu coStj) désignent le mètre ordinaire de riXcyo; et les poèmes qu'on en forme ^. On sait qu'au point de vue métrique l'élégie est caractérisée par l'alternance de l'hexamètre épique et d'un hexamètre à d<îux « temps vides » qu'on appelle très improprement un pentamètre. Chacun de ces couples ou distiqueSy dont l'unité est mar- quée par le retour régulier des temps vides ou silences après chaque moitié du second vers, forme une véritable petite strophe d'un dessin très net. On peut ajouter à cela que cette strophe courte et monotone convenait bien à l'expression de la réflexion, de la réflexion triste en par- ticulier, et qu'on s'explique le choix d'un pareil rythme pour des chants funèbres.

C'est avec Clouas que le nom de l'élégie apparaît pour la première fois dans l'histoire littéraire. On attribuait

1. Bôtliclier, Arica, p. 'U. Contredit, il est vrai, parLagarde, Armen. Stud, p. 8 (cité par Christ, Griech. Lit., p. 93).

2. Suidas ; Hésychius ; Etym. M.; etc.

3. Iphig, Taur. 143-140 : ^Q Spitoai, fiu<r6pTjVT,T0i; w; OpYJvotç eyxetixai, T&c o'Jx eC[ioû<Tou iioXicâç àXupot; âÀÉYOtc.

4. 'EXeyeïov signifie souvent en particulier un distique élégiaque ; d'où le pluriel, éXeyeia, pour désigner un poème entier.

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