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ORIGINES 89

à Clonas un nome aulédiquc intitulé Élégos \ et Plutarquc appelle ce poète « auteur devers élégiaques ^ » La même qualKicationest appliquée à Sakadas ^ D'autre part, nous lisons encore dans la De Musica que les aulèdes, c'est-à- dire les flûtistes qui accompagnaient des chants, adap- taient alors leur musique à des distiques élégiaques *.

Cependant ni Clonas ni Sakadas n'ont jamais été ran- gés au nombre des maîtres de Télégie véritable. C'est qu'entre les vers élégiaques de ces poètes et ceux des Callinos et des Mimnerme, il y a une différence radicale. Les premiers sont des poètes religieux qui composent des nomes; les seconds sont des poètes profanes, d'une inspiration surtout personnelle, et absolument indépen- dante des sanctuaires. Si Tapparence est la même des deux côtés, l'âme est différente. Le véritable inventeur de l'élégie classique fut le poète inconnu qui pour la première fois s'avisa d'appliquer le rythme élégiaque et la flùle non plus à des lamentations funéraires ou à des hymnes religieux, mais à l'expression de ses propres sentiments, de ses vœux, de ses plaisirs, de ses tristesses, et qui en fit un chant profane. On ne peut savoir au juste quand et comment se fit cette transformation ; mais il est probable qu'elle s'accomplit surtout grâce à l'usage de plus en plus répandu de ces banquets qui furent si longtemps, en Grèce, un des principaux foyers de la vie sociale, et où les sentiments s'exprimaient volontiers par des chants. Ce qui tendrait à le faire croire, c'est l'em- ploi fréquent de l'élégie classique dans les festins, comme on le voit en particulier chez Xénophane et chez Théo- gi)is. Le jeu de la flûte y pénétra de bonne heure, ame- nant le mètre élégiaque. Mais une salle de festin appelait

t. Plut., De Mus., c. 4.

2. Ibid., c. 3 : èXsycÎwv te xal &i:â)v 7roir,Tr,v.

a. Ibid., c. 9 (et 8).

4. De Mus., c. 8 : év àp/r^ yàp èXeifeia |ie(AeXoicoir,ji.éva ol aùXwSol r,oov.

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