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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/102

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90 CHAPITRE III. — POÉSIE ÉLÉGIAQUE

d'autres inspirations qu'un temple ou qu'un tombeau. L'élégie proprement dite est probablement sortie de cette nouveauté des circonslances. La transition d ailleurs dut être graduelle. Le plus ancien poète élégiaque que nous connaissions, Callinos, avait peut-être composé une élé- gie en l'honneur de Zeus. Mimnerme, qui lui csl de peu postérieur, passait pour avoir joué, sinon composé, un nome aulédique appelé Kradias ^ On saisit là, ce semble, le passage du nome élégiaque à l'élégie proprement dite ^. Ajoutons que si les salles de festins semblent avoir of- fert à l'élégie modifiée son cadre le plus ordinaire, il n'en fut pas toujours ainsi. Solon récita, dit-on, son poème de Salamine sur l'agora. Tyrtée peut avoir chanté quelquefois dans des gymnases ou sur quelque place ré- servée aux exercices militaires de la jeunesse aussi bien que dans les syssities lacédémoniennes. Il en est do même de Gallinos.

L'élégie, au rythme ferme et net, est un des genres lyriques où la personne du poète se met en scène le plus franchement. Il blâme ou il loue; il moralise; très sou- vent il exhorte. Il fait presque office d'orateur : tantôt orateur politique et populaire, qui cherche-à exciter dans les âmes les sentiments belliqueux et patriotiques ; tan-

��1. Hipponax, dans Plut. De Mus., c. 8: xa\ àXXoç iaxiv âpx«îo; v6fio; xoiXoû|i£voc KpaSia; 6v fTjo-iv 'Iicncuva^ M((ivep{Aov aùXr)(rat. — Volkmann, après d'autres, croit que ce nome était aulétiquo, non aulédique, ot que Mimnerme dut se borner à l'exécuter. Mais Plutarque ajoute : èv àpxYJ Y^P i^ET^ÎA [ie[isXono(7)[iiva ol aûX(i>So\ r^Sov. Cette phrase no peut signifier qu'une chose : c'est qu'on ne doit pas être surpris de voir Mimnermo, poète élégiaque, auteur d'un nome aulédique, at- tendu que les poèmes aulédiques étaient précisément alors en disti- ques élc^giaques. La pensée de Plutarque (ou du compilateur) n'est donc pas douteuse. Il est seulement vrai que son explication peut être fausse et qu'Hipponax semble avoir parlé seulement d'exécution musicale.

2. Le nomo élôgiaquo parait d'ailleurs avoir duré encore après rapparition de la véritable élégie.

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