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GALLINOS 101

sont que quelques mots détachés. — Le seul qui, par son étendue, puisse donner quelque idée de la manière de Callinos, est un véhément appel aux armes conservé par Stobée * :

Jusques à quand dormirez- vous? quand prendrez-vous, 6 jeunes hommes, un cœur vaillant? Sans honte, devant l'étran- ger, vous vous livrez à la mollesse; vous vous croyez en paix, quand la guerre couvre le pays.

Cette vive apostrophe pouvait former le début de la pièce : c'est le même mouvement que dans Ja première Catilinaire de Cicéron. Ici manquent un certain nombre de vers, consacrés sans doute à la description du pays en danger. Puis la citation de Stobée continue par d'é- nergiques exhortations :

Que chacun, d'une main mourante, lance un dernier trait. Il est glorieux et noble pour un homme de défendre contre l'ennemi son pays, ses enfants, la femme qu'il a épousée vierge. La mort viendra quand la Parque l'aura filée; mais que chacun d*abord, l'épée haute, le cœur fier sous l'abri du bouclier, marche en avant dés que s'engage la lutte. L'homme ne saurait éviter la mort, fût-il de la race des dieux. Tel sou- vent qui rentre dans sa demeure après avoir échappé au choc de la lance ennemie y trouve le lot de la mort*. Mais l'un n'est ni cher au peuple ni regretté ; l'autre, s'il lui arrive malheur, est pleuré de tous, petits et grands. Le peuple entier s'afflige sur le vaillant qui meurt: vivant, on l'honore à l'égal des demi- dieux. Il est pareil à une tour, aux yeux des siens: car seul il fait la tâche de beaucoup.

L'inspiration de ce morceau rappelle Tyrtée. Quelques savants même, soupçonnant une erreur dans l'indication des manuscrits de Stobée, attribuent ces vers au poète

\, Florileg., LI, 19.

2. Je lis ïpytxan, avec les mss. La correction de Bergk, ^p^eTai, est ingônieuse ; mais GaUinos était probablement plus simple.

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