Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/127

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Que faut-il entendre par ces souffrances du poète ? Nanno rejeta-t-elle son amour? Lui préfera-t-elle cet Hermobios et ce Phérècles dont Hennésianax, dans le même passage, cite les noms d’une façon assez obscure? Autant de problèmes insolubles. Sur une vingtaine de fragments qui nous restent de Mimnerme, pas un seul ne parle de Nanno *. Nanno était une joueuse de flùte - ; Mimnerme, suivant Hermésianax, l'aima et la chanta: c’est tout ce que nous en pouvons savoir. Encore l'aulorité d’Hermésianax est-elle légère : car il parle aussi de l’amour d’Homère pour Pénélope et de celui d’Hésiode pour IIoiyi. L’amour de Mimnerme pour Nanno serait-il par hasard de méme sorte? Quelques-uns inclinent à le croire ^ C’est peut-être pousser trop loin le scepticisme; le titre même donné au recueil des élégies de Mimnerme est une sorte de garantie. Quoi qu’il en soit, si cet amour, comme il est probable, s’est exprimé quelque part en vers passionnés, nous ne pouvons plus en juger. Ce n’est plus comme le poète d’une passion particulière que Mimnerme nous apparaît ; c’est comme le chantre de l'amour en général, du plaisir et de la jeunesse.

Quelle vie, quel bonheur sans la brillante Aphrodite? Puisse-je mourir avant de perdre le souci de ces douces choses, secrètes amours, aimables présents, couche amoureuse, belles fleurs de la jeunesse, chères à l'homme et à la femme^ ! Quand arrive la vieillesse douloureuse, qui confond la laideur et la beauté, l'homme est déchiré de cruels soucis ; les rayons du

i. Bergk attribue à Mininoniie, avec raison, los vers 1055-1018 du recueil do Théognis; mais la n’Slitutioii qu’il y propos du nom de Nanno est douteuse.

2. Tr,v Mt|xvép[io’j aùXr.Tpioa Navvo’j. x\théiiée, loc. cit.

3. Flach, p. 176.

4. Le texte du troisieme vers est douteux. Lus mss. donnent : et t,6tjç âvOea ^lyveTai àpicaÀéa — àvSpâaiv rfiï ^uvai^îv. Ce tl est pou satisfaisant. On l’a c.onign de vingt manières (Jont aucune n*est tout à fait bonne. Je lis, avec AhnMis, oî* f,6r);.