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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/129

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MIMNERME 117

L'épicurisme pratique n'était pas chez Mimnerme rexubérance irréfléchie d'une nature sensuelle. Il y en- trait (le la réflexion, et partant de la tristesse. Il avait dit avant Horace : Carpe diem..., vive memor quam sis œvi brevis ; et il l'avait dit, sans doute, dans un sentiment analogue de mélancolie douce et résignée. On s'est de- mandé si cette mélancolie de Mimnerme no venait pas des circonstances politiques oii il avait vécu ^ Ona rappelé à ce propos les malheurs de Colophon, les guerres contre les Lydiens. Mais rien de tout cela ne parait dans les vers que nous venons de rappeler. Il s'agit là seulement de la vieillesse, des maux inévitables de la destinée hu- maine. C est en moraliste, non en politique, que Mim- nerme s'exprime. S'il y a eu dans sa tristesse autre chose encore que ce sentiment de la brièveté des choses, nous n'en pouvons rien savoir. A quoi bon le supposer? Poète du plaisir, mais profondément intelligent, il a touché le fond de la sensation, et il a trouvé ce fond médiocre. C'est son originalité de l'avoir dit pour la première fois en des vers que la Grèce n'a plus oubliés.

Selon est le plus ancien des poètes vraiment attiques ^. S'il est vrai queTyrtéefût Athénien de naissance, sa poésie du moins était Spartiate. Avec Selon, au contraire, c'est l'esprit même d'Athènes qui apparaît dans la littérature, et tout de suite avec ses traits essentiels : équilibre harmonieux de tout l'être, ofii l'âme et le corps vivent en bonne intelligence^ où Timagination vive, la finesse avisée et la ferme raison s'allient à une volonté forte; sens

��1. Flach, p. 173-175.

2. Sur Solon, cf. Prinz, De Solonis Plutarchei fontihus, 1867; Bege- mann, Quseiiiones So/oneae, Gcettinj^en, 1875-1878; Leutsch, article dans le PhilohguH en 1872; Schubert, de Crœso et Solone fabula, Kœnigsberg, 18G9 (programme) ; L. Gerrato, Sui frammenti deicarmi Soloniani, Turin, 1877.

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