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SOLON 119

Solon, fils d'Exékestîde, naquît vers 640 *. II apparte- nait à Tune des plus illustres familles d'Athènes, celle des Codrides. Malgré sa noblesse, il se trouva d'abord presque pauvre, son père ayant, dit-on, compromis sa fortune par ses libéralités. Solon voulut redevenir riche et se mit, tout jeune encore, à faire du commerce. Il voyagea, refit sa fortune et rentra dans Athènes. Ces dé- buts montraient en lui un esprit libre de préjugés, actif, apte aux aflaires. Il avait sans doute, au mon)ent de son retour, une trentaine d'années. L'état où il retrouva sa patrie (vers 610) était lamentable : au dedans^des discordes profondes, une aristocratie à la fois lyrannique et impuis- sante, un peuple écrasé de dettes, des campagnes dépeu- plées par l'émigration et la fuite, un état de malaise moral et religieux créé par le remords des violences parfois sa- crilèges (comme le meurtre de Cylon) où les luttes civiles avaient conduit les partis ; au dehors, une faiblesse telle que Tile de Salamine, en vue du Pirée, était devenue la proie des Mégariens et qu'Athènes semblait renoncer définitivement à y rentrer jamais. Dans cet état de cho- ses, Solon révéla tout de suite les admirables ressources de son génie. Il léchaufTa d'abord, par ses vers, le pa- triotisme et la confiance : il unit les citoyens contre l'en- nemi du dehors et reconquit Salamine. II fit ensuite venir le Cretois Epiménidc, sorte de prophète, véritable méde- cin des maladies morales, qui savait par quelles cérémo- nies expiatoires les dieux irrités se laissent fléchir. La paix religieuse était rétablie. Athènes put alors, en toute sécurité de conscience, prendre part à la guerre sacrée, où elle soutint la cause du temple de Delphes : c'était une manière encore de gagner la faveur du dieu. La place de

1. Pour l'ensemble do la vie de Solon, notre principale source est la biographie de Pliitarque, malgré les lô^ondes qui l'encombrent. La vie (le Diogène Laorce (1, 45 etsuiv.) a peu de valeur, en dehors des cita- lions do Solon qu'elle contient.

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