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120 CHAPITRE III. — POÉSIE ÉLÉGIAQUE

Solon dans la cité grandissait de jour on jour. Etranger aux partis, sa sagesse et son honnêteté le faisaient res- pecter do tous. Les riches, dit Piutarquo \ le considéraient parce qu'il était riche, et les pauvres parce qu'il était honnête. Ajoutons que sa sagesse était souriante, amie des plaisirs raisonnables, toute illuminée de bonne grâce et de poésie; son honnêteté n'avait rien d'étroit ni de mesquin : ses voyages, l'expérience des affaires, la comparaison des différentes cités avaient singulièrement enrichi et élargi rintelligence naturellement curieuse do celui qui plus tard, dans la vieillesse, écrivait ce beau vers : « Je vieillis en apprenant chaque jour quelque chose. » Par la supériorité de son esprit et par la grâce attrayante de son caractère, Solon avait toutes les quali- tés nécessaires à un arbitre. Ce fut le rôle que ses conci- toyens lui donnèrent. En 594, ils le nommèrent archonte en le chargeant de régler la question des dettes. Solon prit l'ensemble des mesures que l'histoire désigne d'un seul mot par le nom de <7ev(7a;(9eva, « l'allégement du far- deau », et qui sont d'ailleurs mal connues -. Il est clair cependant qu'il mit dans ses réformes autant de décision que de prudence ; car la grosso question des dettes, in- cessamment agitée dans d'autres états, disparut alors d'Athènes pour toujours. Il y eut d'abord de la surprise et du mécontentement, à la fois parmi les riches et parmi les pauvres : preuve qu'il avait été modéré jusque dans ses hardiesses ; mais bientôt on lui rendit pleine justice; des cérémonies religieuses consacrèrent ses ré- formes, et de nouveaux pouvoirs lui furent donnés pour appliquer les grandes qualités dont il venait de

��1. Plutarque, Solon, 14. 2.

2. Je signalerai particulièrement sur ce point Texcellent chapitre de M. Albert Martin, dans son étude sur Les Cavaliers Athéuieiis (p. 54-GO), où les différentes solutions du problème sont très habile- ment discutées.

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