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SOLON 123

directions de sa pensée; tantôt il exhorte le peuple, tan- tôt il se justifie; mémoires, causeries, harangues, il y a de tout cela dans ces A'ers, sans compter la libre fantai^ sîe purement poétique; et, dans tous les genres, un par- fait naturel, qui prend tous les tons, depuis la simpli- cité souriante jusqu'à la plus haute fîerté, mais toujours avec aisance et bonne grâce.

Ces poésies de Solon appartenaient à des genres diffé- rents. Il y avait des élégies, des iambes et des chants proprement dits. De ceux-ci, nous ne possédons plus que quatre vers *; il est difficile d'en juger; cependant il est remarquable que ces quatre vers, d'un tour général et gnomique, pourraient aussi bien, n'était le mètre, appar- tenir à une élégie qu'à une ode. La même observation s'applique à ce qui nous reste des iambes. Bergk croit y voir une inspiration plus strictement personnelle que dans les élégies; mais celles-ci même traitaient souvent des sujets analogues et d'une manière toute semblable ^. 11 est, je crois, permis de dire que si, chez Archiloque, l'élégie semble prendre en général le caractère iambique, chez Solon, au contraire, c'est plutôt Tiambe qui prend un caractère élégiaque. Le ton des iambes est peut-être un peu plus vif, un peu plus familier, plus voisin de la prose; mais ce sont là des nuances fort légères. Il n'y a donc pas lieu de tant distinguer les poèmes de Solon les uns des autres d'après le mètre : c'est l'occasion surtout et le sujet qui importent.

L'un des plus anciens^ selon toute apparence, est ce poème sur Salamine qui, au dire des historiens, produisit de si beaux effets ^ Il comprenait cent vers, sur lesquels huit seulement nous restent; et cependant, grâce à Plu-

��1. Frafçm. 22 (Diog. L. I, 01).

2. Cf. par cxemplo le fragni. 5 (Plut., Solon^ 18).

3. Le titre de l'ouvrage, selon Suidas, était SaXa{if;.

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