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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/16

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4 CHAPITRE r'. — ORIGINES DU LYRISME

ceux-ci, analysés déjà avec précision, ne peuvent rester enfouis au fond de râmc : il faut qu'ils éclatent au dehors. Mille occasions les provoquent à se manifester. Une foulo do jeux publics, de concours (àycjve;), organisés par les sanctuaires, par les cités, par les tyrans^ multiplient ces occasions. L'action des concours en particulier a été considérable. Non seulement elle a rendu plus facile aux poètes musiciens de se produire et do se faire connaître, mais en outre elle a fait naître en eux un sentiment qui tient une large place dans leurs vers et qui est devenu par là de plus en plus l'un des principes essentiels de la vie morale en Grèce, je veux dire l'amour de la gloire, sans cesse exalté par le désir de vaincre. Dans cette vie brillante, les émotions sont variées. Les unes sont véhé- mentes et fortes, d'autres voluptueuses, d'autres graves et fortes, comme les fêtes politiques ou religieuses qui les inspirent. C'est ce que les Grecs ont exprimé en disant que le lyrisme pouvait dilater le cœur et l'exciter (SiotaraXTixoç TpoTTo;), ou le replier sur lui-même en le resserrant (<yu- ora^Tixo; TpoTro;), ou enflu laisser Tâmc dans la sérénité et la paix (r,Gu'/aoTi3co; Tp6:ro;). Dans tous les cas, c'était la voix d'une âme à la fois émue et maîtresse d'elle-même, d'une sensibilité vive en même temps que consciente, d'une imagination capable do s'attacher aux choses présentes sans perdre l'espèce de joie intellectuelle que l'art exige toujours.

Il ne faut d'ailleurs pas croire que le mythe, souverain dans l'épopée, fût banni du lyrisme. Toutes les fois d'abord que celui-ci a pour objet principal do chanter les dieux ou les héros, il faut bien qu'il dise leur histoire, et celte histoire héroïque ou divine, c'est justement le mythe. Mais en outre, en Grèce, et pour de longs siècles encore, le mythe est partout. Le mythe est la première forme sous laquelle l'esprit grec ait pensé. Soit qu'il essayât de s'expliquer à lui-même les rapports de l'homme avec la di-

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