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CARACTÈRES GÉNÉRAUX 5

vinité, soit qu'il réflécliît aux principes de la morale, soit qu'il s'interrogeât sur l'origine de l'humanité, sur celle (les races, des cités, des familles, partout il créait des my- thes. Une admirable poésie, celle qui se résume dans les noms d'Homère et d'Hésiode, consacra, pour ainsi dire, les principaux de ces mylhcs et donna Tcssor ii beau- coup d'autres. Comme aucune influence extérieure n'em- pêcha la jeunesse de l'hellénisme de suivre son cours régulier, ce n'est que fort tard, et à une époque relati- vement récente, que lesprit, plus mûr, s'affranchit de cette manière de penser. Ce n'est vraiment qu'avec Aris- tote que la pensée hellénique fut tout à fait émancipée. Mais, alors même, cet affranchissement n'était que le privilège d'une petite élite. Le pli était pris; la force de Thabitude, l'influence de la religion, celle des arts plas- tiques, celle d'Homère, l'attrait de tant de formes vi- vantes, belles, familières, tout prolongea presque indéfi- niment le règne de la mythologie, qui a fini par survivre à l'hellénisme et par renaître en partie dans le monde moderne. A plus forte raison, au vu* et au vi* siècle avant l'ère chrétienne, en pleine jeunesse de l'hellénisme, avant le grand essor de la philosophie, le mythe ne pouvait manquer d'être partout présent aux esprits. Après le long règne de l'épopée, il était devenu partie intégrante de la pensée. Il était surtout la forme natu- relle de l'idéal. Il semblait que la vérité la plus haute et la beauté la plus parfaite ne dussent se rencontrer que dans cette divine région où se mouvaient les dieux et les héros. Les fêtes de la religion, les événements de la vie privée, ceux de la vie politique et sociale, tout rappelait quelque mythe et l'associait aux émotions de l'heure présente. Dans ces conditions, il était impossible qu*il ne figurât pas sans cesse dans le lyrisme, qu'il n'y tînt pas une place éminente, qu'il ne fût pas comme le but où l'inspiration tendait sans cesse d'elle-même, par un

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