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Û CHAPITRE 1". — ORIGINES DU LYRISME

retour iDsiinctif vers ces cimes lumineuses où l'art avait coutume d'habiter. En cela, le lyrisme continuait l'épo- pée. Mais voici la différence et la nouveauté. Dans l'épo- pée, le mythe était Tunique principe et Tunique objet do Tinspiration. Dans le lyrisme, il n'en est plus ni le point de départ ni la lin unique. Quelquefois, il man- que absolument ; il n'est pas essentiel au lyrisme. Le plus souvent, sans doute, il y tient une fort grande place ; mais ce n'est pas pour lui-même qu'on le ra- conte : c'est surtout pour ses relations avec les cho- ses contemporaines. Â peine même peut-on dire qu'on le raconte : on y fait allusion ; une allusion plus ou moins rapide, plus ou moins longue, selon les cir- constances, mais enfin une allusion qui le subordonne en quelque mesure à une idée générale, à une émotion directement puisées dans la réalité. L'ode la plus exclu- sivement religieuse et la pliis impersonnelle n'échappe pas tout à fait à celte loi. Le mythe a beau y tenir le premier rang, il n'y est pas seul. A côté de lui, il y a le sentiment du poète, sa piété, celle de la foule pour laquelle il chante, tout le corlëge d emolions qui ont fait naître cette ode et qui se traduisent par une forme de récit plus vive que celle de Tépopce, par un choix plus libre des circonstances, par des invocations et des prières. Cette inspiration lyrique, si nouvelle, dut s'exprimer par des formes également nouvelles. C'est une sorte de loi historique que les genres littéraires, emprison- nés dans les traditions qu'ils se sont eux-mêmes créées, s'appliquent difficilement à des objets différents do ceux qu'ils ont toujours traités. L épopée, malgré la tentative d'Hésiode, se prêtait mal à l'expression des idées et des sentiments qui occupaient alors les es- prits. En Grèce surtout, où l'accord du fond et de la forme a toujours été senti avec tant de délicatesse, le change- ment des idées devait amener presque nécessairement

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