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CARACTÈRES GÉNÉRAUX 7

une transformation égaie dans les moyens d'expression. CVst ce qui no manqua pas d'arriver.

D'abord la poésie nouvelle fut une poésie essentielle- ment musicale, c'est-à-dire chantée et accompagnée du jeu des instruments. Les aèdes épiques, il est vrai, à l'o- rigine, et peut-être pendant un temps assez long, avaient dû chanter leurs hexamètres. Mais ce chant, quoique soutenu du jeu de la cithare, n'avait été qu'une sorte de récitatif fort simple et assez monotone, qui portait la voix plutôt qu'il n'exprimait musicalement les nuances de l'idée et du sentiment. Il avait fini par céder la place à la récitation, plus variée probablement dans ses effets que ce chant incomplet. La poésie lyrique remit en honneur l'accompagnement instrumental et le chant, rendus plus savants et plus expressifs. Si, plus tard, dans certains genres lyriques comme l'élégie, la musique disparut de nouveau, cela tient à ce que l'élégie, comme nous le ver- rons, était le moins lyrique de tous; et d'ailleurs cette dis- parition, même là, ne fut jamais totale; ce fut un accident plus ou moins fréquent^ non une loi. Mais la poésie lyri- que, en thèse générale, était essentiellement destinée à être chantée. La voix d'un soliste ou celle d'un chœur faisaient entendre les paroles « ailées » du poète. La ci- thare ou la flûte, quelquefois l'une et l'autre, accompa- gnaient les voix. Souvent même à ces chants s'ajoutaient des danses. La beauté de la forme humaine, animée d'un mouvement cadencé, complétait la beauté des pensées et de la mélodie. Sous sa forme la plus parfaite, le lyrisme grec, suivant la remarque de Westphal, associait les trois arts qui réalisent l'harmonie dans la durée, comme certains temples où s'associent l'architecture, la sculp- ture et la peinture, offraient en spectacle le concert (moins étroit pourtant) des trois arts qui réalisaient l'harmonie dans 'l'espace. Il faut ajouter que dans cette associa- tion, contrairement à ce qui se produit d'ordinaire

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