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8 CHAPITRE P'. — ORIGINES DU LYRISME

en pareil cas chez les modernes, c'était toujours la poé- sie qui gardait le premier rang. Elle était reine, et la musi- que, aussi bien que la danse, ne servait qu*à la rehaus- ser *. On se rendra mieux compte de cette relation quand nous aurons vu tout à l'heure quelle était la nature do la musique grecque.

L'hexamètre épique ne pouvait convenir à la variété des rythmes qu'appelaient ces mélodies et ces danses. Une foule de mètres nouveaux furent mis en usage. Tandis que l'uniformilé métrique de Thexamètre exprimait à mer- veille l'unité générale du courant de narration continue où s'enchaînait la variété des scènes de l'épopée, la poésie lyrique, qui supprimait le récil, qui mettait directement en lumière une suile d'émotions, devait briser et varier le mètre pour l'accommoder aux idées qu'elle avait à ex- primer. Ici encore, d'ailleurs, il y eut des degrés, pour ainsi dire, dans le lyrisme. Celte souplesse expressive fut plus ou moins grande selon les genres. Quelques-uns restèrent tout voisins de l'épopée. D'autres s'en écartè- rent davantage. D'autres enfln arrivèrent à une variélé de mètres extraordinaire, inventant pour chaque poème, pour chaque circonstance, des combinaisons rythmiques différentes, et celles-ci d'une ampleur, d'une richesse dont l'épopée no pouvait donner aucune idée. En tout cela, ce fut toujours un instinct délicat d'harmonie qui servit de règle. La forme se modela sur le fond. L'art eut toujours, en Grèce, cette suprême beauté, de créer avec Tidée la forme la plus capable de la bien rendre.

1. Du moins à TorigiDe et pendant de longs siècles. C*est seule- mont vers le temps de Pindare que la musique, chez certains nova- teurs, tendit à passer au premier rang. De là les vers indignés de Pratinas (dans Athénée XI V, p. 617 G-F) : « Quel est ce désordre ? que veulent CCS danses? quelle violence audacieuse s'attaque à l'autel de Bacchus ?... C'est le chant que la Muse a fait roi ; la flûte doit suivre, car elle n'est qu'une servante. » Cf. Plut. De Mus. c. xxx, p. 1141 D : Tûv 2' aùXy)t(ov uiir,pexovvTta>v xoi; fiiSa<7xaXoi;.

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