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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/197

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ARGHILOQ 1 185

Ces fragments élégiaques forment un total d'une qua- rantaine de vers. Quoique ce soit peu de chose, il est im- possible de n*cn pas remarquer les rares mérites. Le mot y est toujours d'une justesse neuve et pénétrante; point de remplissages, point de répétitions inutiles (comme il arrive quelquefois chez Tyrtée); la phrase y est d'une prestesse charmante; elle vole d'un vers à l'autre, s'ar- rête brusquement et se pose, comme suspendue; puis repart, toujours vive, toujours amusante, à la fois natu- relle et imprévue. Rien de plus élégant que le distique élégiaque d'Archiloque, avec ses coupes si spirituelles; Selon seul a autant d'élégance, mais avec plus de dou- ceur; auprès de lui, Tyrtée est monotone et Théognis, malgré sa vigueur, est presque lourd.

Archiloque avait aussi composé des chants lyriques proprement dits, des hymnes en l'honneur des dieux, dont il ne reste que deux fragments. — L'un, tiré d'un hymne à Déméter, n'est formé que d'un seul vers (un vers asynartète)^ composé d'un dîmètre iambiqne et d'un dimètre trochaïque *. On voit que le poème était destiné à une fête de la déesse, fête célébrée à Paros, suivant un scholiaste ^. Celui-ci nous apprend en outre qu'il y eut à cette occasion un concours entre divers poètes, et qu'Ar- chiloque eut le prix. Le métricien Héphcstion, qui cite ce vers, dit qu'il le tire des 'loSax^o^ d'Archiloque ' : comme les 'lofiax/oi étaient proprement des hymnes en l'honneur de Bacchus avec ce refrain, 'Io> Bàx^e, d'où leur venait leur nom *, il faut conclure de là que le re- cueil d'Archiloque, à côté de l'hymne à Déméter, conte-

��1. Fragm. 120.

2. Schol. Aristoph., Oiseaux» 1764.

3. Héphestion, Manuel, c. 45 (p. 98).

4. Comparez le refrain Mt) icatdcv et ie nom du chant appelé •Iriuotieuv (péan) dans l'kymne à ApoUoo Pythien, v, 339. Cf. Proclus, Chre^- tom.y p. 246 (Weslphal).

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