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2^2 CHAPITRE V. — LA CHANSON

obscurité une origine ancienne et populaire. SxoXioç veut dire « tortueux » ou « oblique ^ » En quoi les poè- mes ainsi appelés méritaient-ils leur nom ? Les anciens l'ont expliqué de plusieurs manières, mais toutes ces explications sont évidemment conjecturales, et quelques- unes sont ridicules^. Ce qui obscurcit encore le problème, c*est que le scolie a beaucoup changé suivant les épo- ques. Un scolie de Pindare était tout autre chose qu'un scolie d'Alcée ou de Terpandre. lien a été du scolie comme de tant d'autres genres lyriques, le nome, par exem- ple, rhyporchème, le dithyrambe, qui se sont peu à peu transformés au point de devenir méconnaissables. Mono- diqueavec Alcée,le scolie devient choral avec Bacchylide et avec Pindare : du même coup, il cesse d'être person- nel et familier pour se rapprocher du lyrisme d'apparat; malgré l'identité du nom, ce sont là deux genres dis- tincts ; le mot persiste, comme il arrive si souvent, plus longtemps que la chose. Plus tard, à Athènes, nouveau changement : on chante dans les festins, sous prétexte 4e scolie, des morceaux empruntés à d'anciens poètes, tragiques ou autres, et que les convives recousent lant bien que mal l'un à l'autre selon le caprice de leur mémoire ^ Au milieu de ces transformations, il est dif-

4. Malgré la différence d'accentuation, les deux mots (ntiXiov et ffxoXi6c sont évidemment identiques: la place de Taccent dans <xx6Xtov doit tenir à une influence éolienne. Les Grecs eux-mêmes paraissent avoir dit indifféremment tantôt <rx6Xi«, tantôt <rxoXià ttéXTi (Aristote, PoUL, III, 14, p. 1285, A, 38).

2. On voit dans V Etymologicum magnum (718, 35) que Didyme avait proposé plusieurs étymologies sans s'arrêter à aucune. Cf. Suidas, SxoXtiv ; Hésychius, SxoXtov et Tfjv èittSe^iav ; Eustathe, ad Odyss.^ p. 1574, 11; Proclus, Chrestom., p. 246 (Westphal) ; Athénée, X, p. 427, D, et surtout XV, 693-695 (passage classique). En désespoir de cause, M. Flach, fidèle à son habitude de se tourner toujours vers rOrient, serait disposé à chercher l'origine du mot et de la chose en Lydie (p. 207). Pourquoi?

3. C'est du moins ce qu'on a cru voir dans Athénée, en comparant X, 427, D, avec XV, 694, A-B.

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