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12 CHAPITRE !•'. — ORIGINES DU LYRISME

lyrique, entouré de disciples curieux de bien faire, pût se borner à leur donner de beaux exemples sans jamais commenter devant eux ses propres œuvres et les expli- quer à leur usage. Un biographe de Pindare nous ap- prend que Corinne lui enseigna les règles des mythes *. Un autre nous parle de la vive critique qu'elle lui adressa sur la composition de deux de ses premières odes '. Voilà la vraisemblance et la vérité. Ce que fit alors Corinne de- vait se faire partout, dans toutes les écoles. On produi- sait et on critiquait. La théorie sans doute restait vague et flottante sur bien des points; mais elle se dégageait peu à peu des préceptes particuliers et des remarques isolées; elle sortait à la fois de l'exemple et du commen- taire. Cet enseignement lyrique devait ressembler beau- coup à celui qui se donne dans les ateliers des peintres et des sculpteurs^ où les traditions se transmettent non seu- lement par l'exemple muet des œuvres, mais aussi par la parole, par la critique, par les discussions. Ce n'est pas là, il est vrai, de la théorie pure; mais c'est en même temps tout autre chose qu*une imitation strictement per- 'sonnelle qui, à chaque fois, réinventerait l'art, pour ainsi dire, et le créerait de toutes pièces. Il y avait eu des éco- les d'aèdes et de rapsodes qui s'étaient transmis les règles de l'épopée. Il y eut de même des écoles lyriques où l'art des chants et de la danse, fidèlement transmis, grandit peu à peu, portant jusqu'à leur perfection les caractères nouveaux que nous venons d'énumérer.

��II

��On voit que le lyrisme fut une forme de poésie très nettement distincte de celle qui l'avait précédé. Il lui

��1. B:[teîXia t* (OTcaae ^\i^tûyê {Vitametr,).

2. Plut., De glor. Ath., c. xiv, p. 347 F.

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