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FORMES PRIMITIVES ET POPULAIRES 13

devait assurément beaucoup, par la perpétuité des idées morales, par Temploi même des mythes et par l'imita- tion de certaines formes ; mais, tout compte fait, les dif- férences aussi étaient frappantes et son caractère original est évident.

Ces nouveautés sont en partie inventées alors, mais en partie seulement. Les genres littéraires vraiment vivants oe naissent guère tout d un coup, armés de toutes pièces. La Grèce fit alors pour le lyrisme ce qu'elle n'a cessé de faire pour tous les genres depuis Tépopée d'Homère jusqu'à l'idylle de Théocrite : elle puisa dans le trésor des inspirations populaires, de l'art anonyme, plus spon- tané que réfléchi ; là, elle trouva le lyrisme déjà orga- nisé, mais à l'état embryonnaire, pour ainsi dire. Elle le cultiva, le fit profiter des progrès de. l'épopée, l'enrichit par des greffes successives, et lui donna une vigueur, un éclat, une beauté qu'il n'avait pas encore; si bien qu'il devint, pendant deux siècles, la grande voix poéti- que de la pensée grecque et l'image brillante de toute cette période.

La poésie chantée, sous les formes les plus diverses, a certainement existé en Grèce de toute antiquité. 11 n'est même pas douteux que la race grecque, lorsqu'elle se détacha du rameau ethnique auquel elle apparte- nait, n'ait apporté dans son nouveau pays des chants traditionnels antérieurs à la séparation. D'autres chants ont pu et dû lui venir de ses voisins par importation. Mais surtout il est évident que la race elle-même, à la juger par ce que nous voyons d'elle dans les temps his- toriques, n'a pu manquer d'avoir de bonne heure une aptitude et un goût marqués pour les manifestations mu- sicales et rythmées de ses sentiments.

Dans l'école de Platon et dans celle d'Aristote, on avait essayé de raconter l'histoire des progrès et de la décadence de la musique grecque. Mais les auteurs de

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