Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

seconde interprétation 1. Cependant, le nom même de l’aïeule, fût-il de l'invention de quelque généalogiste, rend bien vraisemblable que les anciens, qui pouvaient lire la pièce entière, y trouvaient des raisons de croire que Cléis était réellement la fille de Sappho, et non pas simplement son amie. D'ailleurs l'existence d’une fille de Sappho est incontestable, car Maxime de Tyr parle d’un poème qui lui était adressé et nous en indique le sujet en homme qui pouvait encore le lire 2, Quant au nom de son mari, toutes les discussions auxquelles on s'est livré pour ou contre la vérité de l’affirmation de Suidas, outre qu’elles sont sans importance par leur objet, ne reposent que sur des hypothèses 3 — Deux au moins des frères de Sappho nous sont connus par des témoignages dignes de foi. L’un, appelé Larichos, avait été souvent mentionné par elle dans ses vers, suivant Athénée 4. L’autre, nommé Charaxos, est le héros de l'aventure racontée par Hérodote : la courtisane Rhodopis, esclave à Naucratis en Égypte, avait été rachetée à grand prix par Charaxos, devenu amoureux d’elle, et

1. Situ, 1. 1, p. 326.

2. Fragm. 136; dans Maxime de Tyr, Dissert. y XXIV, 9.

3. M. Luniak (op. cit,, p. 80), essaie d’établir que le nom de Kepx6Xaio; (= Kpcx6Xaoc) signifie « cithariste » (à xpéxcov tô) Xaà>) et que ce nom ou ce surnom indique une famille de musiciens (cf. Sappho, fragm. 136 : {jlou(tot:6Xoc olxîa). Il ne croit pas, comme on l’admet volontiers aujourd’hui, que ce nom soit une invention ridicule et obscène de la comédie attaque. Il suppose en outre qu’au nom del’Ue ionienne d’Ândros, donnée par Suidas comme sa patrie, il faut substituer Antandros, toute voisine de Lesbos. Enfin, par une hypothèse ingénieuse, mais évidemment un peu fragile, il suppose que les vers rappelés par Maxime de Tyr, et où Sappho console Cléis à propos d’un deuil de famille, s’appliquaient à la mort de Eerkolaos, si bien que Sappho serait restée veuve vers trente ou trente-cinq ans. On peut se représenter ainsi les choses, mais il faut avouer que ces constructions manquent de solidité.

4. Athénée, X, p. 424, F. (Fragm. 139).