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SAPPHO 239

Sappho, dans une chanson, avait vivement attaqué à la fois la courtisane et ce frère prodigue ^

La famille de Sappho appartenait à la noblesse de Lesbos, car le premier des deux frères dont il vient d'ê- tre parlé remplissait auprès des prytanes de Mitylène un emploi d'échanson, réservé, dit-on, aux jeunes gens de famille aristocratique. C'est comme étant noble, sans aucun doute, que Sappho fut envoyée en exil, par un sort analogue à celui du poète Alcée. La Chronique de Paros, qui nous a conservé le souvenir de ce fait, rapporte qu'elle se rendit en Sicile '. Il est probable qu'elle en revint quand Pittakos rappela les exilés ^ On ne sait ni quand ni comment elle mourut. Une légende fort répan- due racontait qu'amoureuse du beau Phaon et repoussée par lui, elle se précipita du haut du rocher de Leucade. C'est le poète comique Ménandre qui, dans sa Leuca- dienne ^, semble avoir fait allusion Tun des premiers à cette histoire. Le caractère légendaire en est évident. Ce rocher de Leucade (sur la côte d'Ëpire) était surmonté d'un temple d'Apollon, et Ton précipitait de là chaque

��i. Hérodote, loc. cit, ; cf. Athénée, XIII, p. 596, B, qui nomme cette femme Acopé^^a, et conteste snr ce point le récit d'Hérodote. — Suidas parle d'un troisième frère appelé Enrygioa.

2. Marbre de Paros, 1. 51 : 'Af ' ou Sair^â) è^ MituXtîvt); sic SixsXfav licXeuae fuYoOva... La date, qui suivait, est malheureusement effacée dans l'inscription, mais elle était comprise entre 605 et 591.

3. M. Luniak (p. 68 et suiv.) conteste la réalité de Texil de Sappho. Sa principale raison est qu'Ovide, dans l'épftre que Sappho est censée écrire à Phaon {Hérotdes, ép. 15), bien qu'elle fasse allusion à ses misères, ne dit rien de ce malheur. M. Luniak, en effet, a dé- montré très finement que cette épitre doit être regardée comme étant bien d'Ovide et que celui-ci, en l'écrivant, s'est constamment inspiré à la fois des poésies de Sappho et d'une biographie alexandrine qu'il a dû lire en tôte de son exemplaire de Sappho. La thèse en gé- néral est plausible, mais, sur ce point particulier de l'exil, je ne vois pas que la démonstration soit décisive.

4. Ménandre, Leucad., fr. 1 (Dindorf-Didot) ; dans Strabon, X* p. 452.

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