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230 CHAPITRE y. — LA CHANSON

çiaaé^deS' criminels^, suivant Strabon, en guise de vie-

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times expiatoires ^, Ce rite sauvage avait rendu Tendroit célèbre ; les amoureux dans leur désespoir, menaçaient dese jeter du rocher de Leucade ; l'expression se trouve cliez Anacréon ^ ; peut-être se trouvait-elle aussi chez 3appho ; quoi qu'il en soit, on comprend sans peine que rimagination des comiques grecs ait volontiers prêté à 1^ poétesse de l*amour une fin que la légende attribuait, pour des raisons analogues, à d'autres personnages plus ou moins mythiques ^ et qui s^accordait si bien, semblait- il, avec le caractère passionné des poésies de Sappho. — Mais ceci nous amène à un sujet beaucoup plus impor- tant que la question des dates et des circonstances exté- rieures de sa biographie, je veux dire à la nature même des sentiments qui ont rempli sa vie et qui ont été la source principale de son inspiration.

On sait en effet que le sujet principal des chants de Sappho était Tamour : elle en disait les plaisirs et les souffrances, elle chantait la beauté des jeunes hommes çt celle des jeunes filles ; ses vers, si doux, étaient en même temps pleins de flamme. Qu en faut il conclure sur ses mœurs? Elle qui chantait l'amour avec tant de force, quelle place lui avait-elle fait dans sa vie? Il était inévitable que la légende, à Athènes surtout, s'emparât d'un si beau sujet. La comédie aimait à mettre en scène les poètes célèbres d'autrefois, et ce n'était pas pour les honorer; rien ne semblait plus amu- sant que de railler ces personnages connus de tous. Gratines avait fait une C/^oAw/ine, Téléclidès un Hésiode^, Il y eut aussi, bien entendu, des Phaon et des Sappho

1. StraboD, loc. cit.

2. Anacréon, fragm. 10.

d. Deucalion, Képhalos, etc.

4. Nous n'avons pas à rappeler ici les attaques dirigées par la co- iiàdie contre les poètes contemporains.

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