Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SAPPHO 2S1

(six ou sept au moins % sans compter la Leuccfdténne de Ménandre. On imagine aisément jusqu'où dut aller, en fait d'inventions plaisantes ou grossières, la verve des poètes comiques, au sujet de la poétesse de Lesbos. De là toute une légende, dont l'écho est arrivé jusqu'à nous. Sappho devient une courtisane ^, ou pis encore. Elle passe sa vie à rechercher des amants, qui parfois la dédaignent, et elle a tous les vices que la médisance po- pulaire reprochait aux Lesbiennes. Qu'en devons-nous penser? Welcker ^ et Otfried MQllcr "*, avec un opti- misme imperturbable, se sont portés garants de la pureté de Sappho ; ils ont été suivis par la plupart des critiques allemands. L'Anglais Mure, au contraire, a prononcé contre elle un véritable réquisitoire ^ Quand il s'agit des mœurs grecques, un plaidoyer trop sentimental risque d'être naïf. D'autre part, il serait puéril de prendre au pied de la lettre toutes les afGrmations médisantes des anciens, ou même tout ce que semblent dire certains vers suspects de Sappho. La vérité est probablement en- tre CCS deux extrémités ; mais à quelle distance de l'une ou de l'autre?

On se rappelle les beaux vers qu'Alcée adressait à Sappho et la fine réponse de celle-ci : si Ton veut un exemple des libertés de la légende, qu'on lise les vers où l'Alexandrin Hermésianax parle de cet amour ^ : à l'en

��1. Fragm, comte, éd. Meineke, t. II, p. 707 ; t. III, p. 112, 315, 338 ; t. IV, p. 409.

2. Lo grammairien Didymé, selon Sénèque (Lettres, XXXVIII, 37) avait écrit un traité sur la question de savoir si Sappho était une courtisane. Tatien {Adv. Grxcos, 32) l'appelle y^vaiov nopvixbv èpwTO-

3. Welcker, Kleine Schriflen, t. II, p. 80-144.

4. Otf. Millier, Litt. gr,, t. II, p. 105 (trad. française).

5. Mure, History of greek Liter.» t. III, p. 315, 496 et suiv.

6. Dans Athénée, XIII, p. 598, B-G. L'erreur s'explique, sans se justifier, par le fragm. 14 d'Anacréon, mal compris.

�� �