Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SAPPHO 283

dans l'antiquité, ne présente aucun caractère d'authenti- cité ; c'était, sur presque tous les points, une pure légende, et, de plus, une légende tout à fait invraisem- blable. Car SapphOy nous le savons, avait composé tout un livre d'épithalames : les Lesbiens n'auraient pas demandé tant d*épithalamcs à une femme décriée. Mais n'y a t-il pas, d'autre part, quelque difficulté à croire qu'une femme si empressée à chanter Tamour, et qui le chante avec tant de feu, avec une vivacité de paroles si hardie, ait été une sorte de vestale uniquement occupée d'entretenir le fea sacré de la poésie * 7

Ses relations avec les jeunes femmes dont les noms reviennent si Souvent dans ses vers soulèvent un pro- blème analogue. La plupart étaient ses élèves en musi- que et en poésie ^. Comme beaucoup de poètes lyriques, Sappho avait autour d'elle des disciples qui venaient ap- prendre son art et qui probablement exécutaient ses poé* sies chorales ou du moins en dirigeaient l'exécution. Ces chœurs de jeunes filles, fort répandus dans toute la Grèce, devaient être à Lesbos particulièrement en usage. La grâce féminine y était en grand honneur et des prix de beauté s'y décernaient aux femmes dans le temple d'Héré'. Sappho d'ailleurs n'était pas la seule femme de Lesbos qui tint école de poésie ; on nous parle de Gorgo et d'An- dromède comme de rivales qui lui disputaient ses élè-

��1. Sappho était-elle belle? Suivant Maxime de Tyr (XXIV, 7), elle était petite et noire, piixpà xai jiéXaiva, et la beauté dont on la louait était surtout celle de sa poésie. C'est probablement dans quelque vers de Sappho elle-même que Maxime de Tyr avait puisé ces ren- seignements, he mot d'Alcée, (ârcXoxe. donne l'idée d'une beauté brune. Cf. Ovide, Héroides, XV, 31-35 {Si mihi difficilis formam natura nega- vit... sum brevis,,. Candida si non smn,„) — Portraits d'Alcée et de Sappho dans O. Jahn, Ueôer Darslell. griech, Dichtem auf Vasenbilder^ pi. I.

2. Suidas, San^fo.

3. Schol. Hom., lUad/e^ I. 129.

�� �