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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/247

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SAPPHO 235

Otfried Mûller rappelle à ce sujet TamiUé que les hommQs faits, chez les Doriens, cptreteDaient pour les éphèbes^ et « où les jeunes gens, dit-il, se formaient à une noble et mâle vertu ». Il applique sa théorie dorienne aux poé- tesses éoliennes de Lesbos. Soit : il est parfaitement oiseux de discuter la qualité exacte de cette amitié ou de cet amour, et d'essayer de déterminer avec précision des limites que le langage même semble si souvent prendre à tâche de confondre ; amitié plus ou moins esthétique et sensuelle» amour plus ou moins platonique, ce sont des nuances fort difGciles à démêler; sans compter qu'en pareille matière il faut se garder de conclure toujours des paroles aux actes et de certaines habitudes de style à des habitudes de conduite. L'exemple de l'austère et pur Socrate montre, dans un sujet analogue, combien les deux sortes de sentiments étaient sujets^ en Grèce, sinon à se confondre» du moins à tenir le même langage. Il convient pourtant d ajouter, pour être franc, que si cette manière de parler ne prouve rien contre Socrate, elle prouve beaucoup contre Athènes. Il est fâcheux qu'on pût y être un fort honnête homme, un Solon par exemple, sans faire les distinctions que faisait Socrate. J'ai peur que le langage deSappho ne prouve aussi contre Lesbos, et jus- tement dans la même mesure ^ Quant à Sappho elle-même, on fait remarquer qu'elle vante quelque part la vertu *, qu*eo outre elle reçut de grands honneurs à Mitylène ^

��1. Avouons seulement que des sentiments qui paraissent identiques peuvent être en réalité assez différents solon qu'on les rencontre dans une société moderne et chrétienne ou au contraire dans une époque plus naïve, dans un pays où Tart est une religion, où la beauté est une vertu, où Zeus enlève Ganymède, où Sophocle pense peut-être comme Âlcibiade, et où Platon lui-mémo en est réduit à inventer l'amour platonique.

2. Fragm. 80.

3. Aristote, RhéL» Il (p. 1398, B, 12).

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