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14 CHAPITRE 1". — ORIGINES Dïl LYRISME

ces recherches, dit Plutarque, ne s'accordaient pas en- tre eux ^ Quelques-uns faisaient remonter l'invention do la musique à Apollon. C'était ne pas dire grand'chosc. D'autres, essayant d'être plus précis, mettaient en avant les noms d'Amphion, d'Orphée, de Linos, de Musa308, d'Eumolpos, d'Olen, d'autres encore. Ces noms mythi- ques sont obscurs et vagues. Nous avons essayé pré- cédemment' de dégager la part de vérité historique qui se cache sous les légendes attribuées à ces personnages : il y a là le souvenir confus d'une poésie religieuse pri- mitive, issue d'origines diverses, mais toujours attachée aux sanctuaires, aux cérémonies du culte, et qui a pro- duit des hvmnes.

On a vu ' par quelles transformations ces hymnes aboutirent peu à peu à des chants narratifs dont l'épo- pée devait sortir. Mais un genre littéraire peut donner naissance à un autre genre sans épuiser pour cela sa vitalité propre. C'est ainsi que plus tard le dithyrambe, même après avoir donné naissance à la tragédie, conti- nua de vivre d'une vie distincte : seulement, par un effet imprévu, il subit à son tour Tinfluence du genre qu'il avait créé, et devint de plus en plus dramatique. Il arriva quelque chose de semblable aux hymnes. Après que l'é- popée s'en fut détachée, ils continuèrent d'exister comme un genre à part; mais l'épopée réagit sur eux, et les hymnes dits homériques sont des hynmes évidemment fort différents de ceux qu'on avait pu chanter à Delphes ou à Délos avant la formation de Y Iliade et de VOdyssée. Cette forme primitive des hymnes ne disparut pas d'ail- leurs pour cela tout entière. On chantait encore à Délos, au temps d'Hérodote, dos hymnes fort anciens attribués

1. Plutarquo, ou plutôt Taulour inconnu du De Musica placô sous son nom (c. m, p. 1131 F).

2. Tome I, p. 56 et suiv.

3. Tome I, p. 87 et suiv.

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