Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dite, OU Dionysos, c’est sans doute dans quelque péan à demi sérieux par où s’ouvrait une fùto mondaine, et ces prétendus hymnes ne sont encore que des chansons par la pensée comme par le mètre. — Suidas lui attribue encore des élégies et des iambes ; de plus oii a sous son nom quelques épigrammes. De celles-ci, nous avons parlé précédemment*. Des iambes et des élégies, il ne reste que quelques vers, dont le sens n’est pas toujours facile à saisir. Ce qu’on y voit, pourtant, c’est que l’inspiration en différait peu de celle des odes : si les iambes étaient satiriques, la moquerie ne manquait pas non plus dans les chansons; et quant aux élégies, le peu qui en reste se rapporte encore soit aux festins, soit à l’amour, c’est-à-dire au sujet ordinaire des odes; on y trouve même des idées de détail toutes semblables. La question de forme a donc ici peu d’importance. Anacréon, de race ionienne, a cultivé les genres ioniens de l'iambe et de l’élégie concurremment avec le genre éolien de la chanson logaédique. Mais, dans tous, il a mis la même conception de la vie, le même accent personnel, le même art, si bien que, sans trop distinguer entre des genres tout voisins, c’est uniquement cette inspiration commune à tous, c’est l’esprit propre d’Anacréon, qu’il s’agit de démêler et de définir.

La partie la plus active de sa vie semble avoir été celle qu’il passa auprès de Polycrate; c’est du moins celle qui a laissé dans sa poésie les traces les plus distinctes. Le cadre était à souhait pour son génie. L'histoire de Polycrate est une des plus romanesques parmi toutes celles des tyrans grecs; aussi la légende, comme on le voit par les récits d’Hérodote 2, l’avait rendue populaire. C’est un aventurier sans scrupules, hardi, brillant, téméraire,

1. Cf. plus haut, p. 162.

2. Hôro.lolo, Iir, 39-46 et 120-125. L’hisloirc de raniioau do Poly- crate est reslôo célèbre.

�� �