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ÂNÂGRËON 251

J'aime et je n'aime pas; je désire et je ne désire plus ^ Vienne pour moi la mort: je n'ai plus d'autre remède à tant de maux *.

Et ailleurs, il parle du saut de Leucade, qu'il est prêt à affronter dans l'ivresse de sa passion '. Ne nous y trompons pas pourtant : déjà le badinage poétique perce sous la violence du langage; le saut de Leucaden'a pro- bablement jamais tué personne, du moins en fait d'a- moureux. Anacréon n^est pas do ceux qui meurent d'amour. On voit assez par ses vers qu'il a dû se conso- ler plus d'une fois : à bien des reprises différentes, il a dû retrouver, pour peindre la beauté des éphèbes ou des jeunes flUes, le même enthousiasme et la même ferveur galante. Quelques mots çà et là montrent que sa poésie, selon Tusage grec, était parfois fort libre *. Mais le plus souvent elle est gracieuse et spirituelle :

Enfant au regard de jeune ûlle, je te cherche, et tu ne m'écoutes pas; tu ne sais pas que mon âme est sous ton joug s.

D'une balle de pourpre, Êros aux cheveux d*or me frappe, et m'invite à jouer avec la jeune fille aux sandales brodées; mais celle-ci (car elle est de la belle Lesbos) à la vue de mes cheveux déjà blaucs, m'en fait reproche, et se tourne, bouche bée, vers un autre <.

Il y a bien du charme dans cette bonne grâce indulgente et souriante. Même ton encore dans ces reproches à une jeune fllle :

Cavale de Thrace, pourquoi ces regards obliques et cette fuile rapide? Me prends-tu pour un cavalier malhabile?

1. Fragm. 89.

2. Fragm. 50.

3. Fragm. 19.

4. Fragm. 66.

5. Fragm. 4. .6. F^agça. 14.

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