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254 CHAPITRE V. — LA CHANSON

véritable intérêt ^ Le plus long est dirigé contre un cer- tain Artémon, de misérable devenu riche, et que le poète tourne en ridicule avec beaucoup de verve. Cet Ârtémony s'il faut en croire une épigramrae de V Anthologie *, avait été auprès d'Eurypyle le rival heureux du poète. C'est la plus mordante de ces moqueries.

La blonde Eurypyle n'est pas indifférente à TlUustre Arté- mon.

Jadis il avait la tête sanglée dnns un capuchon grossier % avec des boucles d'oreilles en bois et, sur les épaules, une simple peau de bœuf,

Sale enveloppe d'un bouclier de rebut : c'était le misérable Artémon, compagnon des marchandes de pain, ami des pros- tituées, vivant d'expédients,

Maintes fois lié au poteau, maintes fois mis sur la roue, le dos rayé de coups de fouet, sans cheveux ni barbe ;

Aujourd'hui, le ûls de Kyké monte sur un char, met à ses oreilles des anneaux d'or, et porte une ombrelle d'ivoire, comme une femme K

Anacréon (comme tous les poètes, d'ailleurs) était Ger de son art :

Je mérite par mes discours l'amour des beaux enfants, car mes chants sont doux et douces mes paroles s.

Il avait raison. La douceur de ses chants est extrême. Elle est difTérento pourtant de celle de Sappho^ avec

1. Fragm. 68, 86, 90. Oit peut y joindre le fragm. 85 qui contient une allusion à la décadence de MUet : « Jadis les Milésiens étaient vertueux ». Ce vers, parait-il, était devenu proverbe, mais il n'est pas sûr que le proverbe ne fût pas antérieur à Anacréon, ni que celui-ci Teût pris dans son sens direct, ni peut-ôtre même que le vers soit d'Anacréon.

2. Anthol, Palat., Yll, 27.

3. Le texte donne ici quelques mots (^epSépiov, xaXvpLpLat* évçt^xci)- fiéva) dont le sens précis n'est pas connu.

4. Fragm. 21.

5. Fragm. 45.

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