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POÈMES ANAGRÉONTIQUES 259

textuellement dans une des pièces de notre recueil ^ Mais plus d'un vers authentique a dû passer dans ces petites pièces : on y trouve bien un vers d*Archiloque *. Cer- taines manières de dire qui y reviennent à satiété avaient sans doute leur prototype dans les vers du véritable Âna- créon; on s'expliquerait mal leur fréquence si elles n'é- taient des imitations à peu près textuelles ^ Une citation du genre de celle d'Héphestion n'est donc pas probante. L'autre est d'Aulu-Gelle ^. Celle-ci porte sur toute une pièce (la troisième), donnée, il est vrai, sous une forme un peu différente de celle de V Anthologie, mais manifes- tement plus récente. La seule conclusion qu'on puisse tirer de là, c'est que les poèmes anacréontiques, ou du moins quelques-uns d'entre eux, existaient déjà au temps d'Aulu-Gelle; mais il est clair qu'un seul témoignage, et qui porte (contrairement à toute critique) sur une forme certainement nouvelle d'une pièce plus ancienne, ne sau- rait prévaloir contre le silence presque unanime des écri* vains anciens. Au total, par conséquent, la tradition est contraire à l'authenticité.

Si l'on interroge les pièces elles-mêmes, on aboutit à la même conclusion. Je laisse décote l'argument qu'on pour- rait tirer à cet égard de la nature des mètres et de celle du dialecte. On a fait remarquer que la monotonie de ces systèmes semblait contraire à l'art métrique d'Anacréon et qu'un petit nombre de pièces étaient écrites en dialecte ionien; mais comme la métrique d'Anacréon nous est mal connue, comme d'autre part les formes dialectales sont sujettes à s'altérer dans des poésies souvent chan-

��4. Héphestion (Manuel, p. 32), cite ainsi : *0 jxèv ÔIXwv |j.ax£ff6aii — wape<TTt Y^p, [LOL'/^kdbui, On lit dans le poème n» 45, v. 8-9 : *0 |iàv OéX(t>v {làx^o-Oai — irapéorw xa\ (la/étTÔa).

2. Ou (jLoi tk FuYEM — ToO Sapîewv âtvaxto;... (N» 7).

3. Par exemple 6éX(i>, U\tù {lavTjvat, ou bien OéXd), OéXco fiXrlaai*

4. NuiU atliques, XIX, 0.

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