Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/277

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du dithyrambe ; Timocréon de Rhodes ; Tynnichos de Ghalcis ; Lamproclés ; Corinne ; Télésilla ; apocryphes (Bias, Thalès, Pittacos, etc.).

I

Nous revenons enfin, après un long détour, aux origines de ce lyrisme choral qui apparaît en Grèce presque aussitôt après l'âge à demi-légendaire du nome, et qui remplit ensuite deux siècles de ses progrès continus et de son éclat final incomparable.

C’est un point à noter tout d’abord que cette importance extraordinaire du lyrisme choral dans la Grèce antique. Elle ne répond pus à ce que nous voyons dans les temps modernes. En matière de lyrisme individuel, les peuples modernes (surtout au xixe siècle) valent au moins les Grecs. Nos poètes, il est vrai, ne chantent plus à la façon d’Alcée ou d’Anacréon ; ils ne mettent pas en musique leurs sentiments et leurs confidences ; mais ils n’en sont pas moins lyriques d’inspiration, et ils ont gagné peut-être plus qu’ils n’ont perdu à cet abandon complet de la musique où d’ailleurs l’élégie grecque elle-même arrivait peu à peu : ils y ont gagné plus de liberté, plus d’intimité, plus de hardiesse dans la pensée. Et surtout, ils ont exprimé dans leurs vers les émotions d'une âme plus complexe, plus riche moralement et intellectuellement que n’était celle des Grecs du vu* siècle. Qu’est-ce que l’amour (alors même qu’il ne s’égare pas) dans l’âme d’un poète de Lcsbos ou de Samos ? Quelque chose de très fort, sans doute, de puissant et de pathétique, mais de très simple aussi et de très naïf. Qu’on songe au contraire à celte foule d’idées et de sentiments accessoires dont se nourrit et se fortifie le même sentiment chez un Lamartine ou chez un Musset. C’est que l’humanité, depuis Alcée et Sapho, a beaucoup vécu,