Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des mètres péoniques et crétiques ^; nous savons ce que signifie en pareil cas le mot invention : cela veut dire que Thalétas a le premier employé les rythmes nationaux de la Crète, son pays, dans des œuvres dignes de mémoire ^. — Nous ne savons ni quels instruments il employait de préférence ni quel était le caractère littéraire de sa poésie.

Déjà au temps où le De Musica' fut écrit, il est visible que les œuvres de ces vieux poètes étaient perdues ; on n’en parlait plus que sur la foi d’autrui^; Thalétas, tout autant que Terpandre, apparaissait comme un person- nage à demi fabuleux. Mais il y a deux faits qui sont hors de doute et qui méritent d*ètre notés. Le premier, c’est le grand souvenir laissé par Thalétas, qui avait fini par devenir pour la Crète le poète par excellence, Tauteur légendaire de tous les chants nationaux fort anciens dont l’origine exacte était inconnue *. Le second, c’est l’im- portance de la révolution musicale et littéraire accomplie à Sparte par Thalétas et par son école : l’introduction des rythmes et des airs de la Crète ouvrait à Tart lyrique des routes toutes nouvelles; on sortait enfin hardiment du dactyle et de l’hexamètre, encore dominants chez

1. Plut., De Mus.^ c. 10 (les mss. donnent (xâpwvaxal xpy,Tixov pu6(x<Sv : que sifçniûe |id(p(i)va ? Quelques éditeurs conjecturent iiaîcova).

2. Comme ou retrouvait des rythmes analogues dans les nomes aulétiquos dits d’Olympo-j, on attribuait à ces compositions une certaine influence sur Thalétas (cf. Plut., ihid.)\ mais Thalétas et Olympos peuvent fort bien avoir puisé tons deux à la même source. On croyait voir aussi dans Thalétas des imitations d’Archiloque au point do vue métrique; telle était l’opinion de Glaucos (Plut., ibid.) qui, nous l’avons vu, faisait vivre Thalétas à la fin du vu» siècle. Mais cette croyance n’était probablement fondée que sur le désir de concilier à tout prix certaines ressemblances métriques entre Archiloque et Thalétas avec la tradition qui faisait de celui-ci l’inventeur de ces formes.

3. Plut., ibid. Aux chap. 5 et S, les mots o\ àvaYSYpaçite;, avaY^- Ypa7iT«(, montrent que le compilateur écrit d*après des catalogues.

4. Strabon, X, 481.