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278 CHAPITRE VI.— LYRISME CHORAL

Terpandre; les vieux moules étaient brisés; toute une poésie plus souple, plus riche, plus brillante apparaissait. C'était bien, selon le mot des anciens, une « seconde constitution » de la musique Spartiate : c'était une sorte de révolution K Révolution qui d'ailleurs, quelques siè- cles plus tard, semblait aux historiens de la musique singulièrement prudente encore et modérée : Part élar- gissait ses voies, mais sa marche restait noble et belle, même aux yeux des plus sévères *.

Thalétas eut pour auxiliaires dans cette transforma- tion, et pour successeurs, deux poètes qui firent à son exemple des péans et des hyporchèmes : Xénodamos de Cythère et Xénocrite de Locres ^ Ces deux poètes ne se- raient plus pour nous que des noms, si un mot du De Musica ne nous donnait un renseignement intéressant. Il parait que Xénocrite avait fait des péans où la partie narrative et mythique était si développée qu'ils ressem- blaient à certains dithyrambes héroïques, et qu'à cause de cela même quelques érudits voulaient y voir des dithyrambes et non des péans. Il est assez curieux de noter cette extension hardie du péan hors de son domaine propre à une époque si voisine de celle où il devient pour la première fois un genre littéraire. L'inspiration de Tha- létas, autant qu'on le peut conjecturer, avait été toute religieuse. Dès la génération suivante, la poésie chorale devient plus profane et plus mondaine. C'est aussi ce qui se voit, parmi d'autres nouveautés, dans Alcman.

��1. Aeutépa xaxaaTa^tc (Plutarque, De Mus., c. 9).

2. Plutarque, De Mus., c. 12. — U ne nous reste pas un seul vers de Thalétas, à moin:^ que, selon l'hypothèse de Bergk, les vers 1211- 1216 du recueil de Théjgnis» dont Fauteur est Cretois, ne soient tirés de quelque élégie de Thalétas ; mais c'ebt là une conjecture bien fra- gile.

3. Plut., De Mus,, c. 9 et 10. Cf. Athénées I, p. 15, D.

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