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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/299

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ÂLGMAN 287

rythmique; on ne répète pas plus d'un poème à Tautre la structure de la strophe que les paroles ou la musique; le tout jaillit ensemble de la pensée du poète. Alcman pa- rait avoir conçu son rôle de la même façon : les grandes strophes du parthénéc ne se conforment pas à un schéma fixe. Après lui, sans doute, il reste beaucoup à faire pour étoffer et enrichir ces mètres et ces strophes ; mais il est entré franchement, malgré tout, dans la vraie voie do la composition lyrique, et comme son inspiration, en somme, n'exigeait pas un instrument plus fort que celui qu'il s'était créé, il a réalisé cette harmonie du fond et de la forme qui est en art d un si grand prix K

Comme poète, en effet, et comme écrivain, Alcman ressemble tout à fait à ce qu'il fut comme musicien : même grâce, même vivacité, h. la fois élégante et familière. Les fragments qui nous restent de ses œuvres sont loin, sans doute, de satisfaire sur tous les points notre cu- riosité : la plupart sont fort courts; cependant, depuis la découverte surtout du morceau sur papyrus qui est au Louvre, nous pouvons nous faire de lui une idée d^cn- semble assez précise. Ses poèmes étaient essentiellement des compositions en l'honneur des dieux. Les légendes divines, par conséquent, devaient y tenir une grande place. Mais Alcman n'était pas un Pindare : les sommets ne l'attiraient ni ne le retenaient; il avait hâtederedes* cendre aux coteaux moyens et fleuris. Il était, dit un scholiaste, de complexion amoureuse ^; disons au moins qu'il avait l'imagination tendre. Cf» qu'il goûtait surtout dans la mythologie, c'étaient les parties gracieuses et idylliques. S'il était obligé parfois de chanter les meur-

1. Alcman n'a certainement pas, comme on le dit quelquefois, in- venté la strophe, qui est d*origine populaire ; mais il en a consacré l'usage en renonçant d'une manière définitive à la continuité de l'hexamètre.

2. Dans Athénée, XIII, p. 600, F.

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