288 CHAPITRE VI. — LYRISME CHORAL
très des fils d'Hippocoon *, il préférait assurément la ren- contre d'Ulysse et de Nausicaa^ Mais ce qu'il aimait peut- être mieux encore, c'était la réalité gracieuse qui l'en- tourait, ces chœurs jeunes et dansants que son rôle était de former et de conduire; il se complaisait dans 1 éloge de la beaulé féminine; il y ramenait Tliymno religieux lui- même le plus vile possible, et il y réussit de telle sorte que la poétique du parlhénée s'en trouva flxée pour ja- mais.
Il avait composé pour son propre compte, dit-on, des poésies amoureuses, peut-être des chansons dans le goût des Lesbiens ^. Quelques vers nous en restent, bien peu nombreux, mais intéressants.
L'amour, par la puissance d'Aphrodite, inonde mon cœur et ramollit *,
Non, ce n'est pas Aphrodite, c'est l'avide Éros, enfant joueur, qui marche (prends Lien garde) sur les fleurs de cypérisques.
Ailleurs, il chante « la blonde Mégalostrata », qui lui avait enseigné, disait-il^ « les dons des Muses ». On voit le ton. Nous sommes loin des ardeurs pathétiques de Sappho. L'amour d'Alcman n'a rien de violent, car son âme est douce; il se tourne facilement en images poéti- ques et en beaux vers ; mais il remplit toute sa pensée. Ce n'est pas seulement dans des chansons d'amour proprement dites qu'Alcman l'avait exprimé : il était partout répandu dans l'œuvre du poète, comme une at- mosphère légère et lumineuse où son imagination aimait à vivre. Dans les parthénécs, c'était tantôt Alcman lui-
��i. Fragm. 23.
2. FraRin. 28 et 29.
3. Suidas; Athénée, XIII, p. 600, F.
4. Fragm. 3G.
5. Fragm. 38. I^e x-juaiptaxoc est sans doute le cyperus ou sottchet, plante des prôs humides.
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