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sut grouper des parties dissemblables de manière à for- mer un tout vivant et harmonieux. Pour cela, il n'eut qu'à intercaler, après deux strophes exactement sem- blables et symétriques, une troisième strophe différente, qui fermait le cercle : après la strophe et l'antistrophc, il mit une épode. C'est ce qui s'appela la triade de Sté- sichore ^ On voit l'effet produit : d'abord, toute mono- tonie disparatt; de plus, la slrophe cesse d'être l'unité essentielle de Tode : elle abandonne ce rôle à la triade, plus ample, plus variée dans ses éléments, plus capable de supporter les longs développemenls que les progrès do Tart allaient exiger des poètes. D'un seul coup, la puis- sance do développement du lyrisme était triplée. Cctle trouvaille de génie fixait d'une manière définitive le cadre essentiel du poème lyrique : en possession do la triade, il put tout faire et tout oser. Parfois, sans doute^ on revint encore à la strophe simple, ou bien au contraire on cher- cha des combinaisons plus variées; mais ce ne fut que par exception : la triade est la forme classique du lyrisme grec, celle qui domine chez les successeurs de Stési- chore, et que Stésichore lui-même, après l'avoir inventée, applique partout ^.

En même temps que la triade devenait comme une sorte de strophe nouvelle, la strophe primitive subissait aussi de profonds changements. Chez Alcman, la slrophe était souvent fort courte, trois ou quatre vers, comme

��1. Ta Tpta Sryjo'ix'^poy.

2. 'EtiwSixt) 'îcâ<7a ^ toû Styivi^^Pou TCo{ir)<Tic, dit Suidas (v. Tp(a £Tr|<n- X^pou). —On a cherché à expliquer les mots slrophe et antislrophe en supposant que le chœur, durant la strophe, se tournait dans un sens, et, durant Tantistrophe, faisait un mouvement coDtraire(cf. The- sautmSf y. STpoçr,). Mais le sens de ces deux mots n'a peut-être au- cun rapport avec les conversions problématiques du chœur : il est probable que (irpo^TJ, comme icepbSoc qui a le même sens, signifie une phrase^ un circuit de paroles ou de notes musicales formant un tout.

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